Le regard des gens, voilà ce qui fait le plus mal. Je ne m'y suis pas encore habituée. C'est vrai, la différence fait peur au peuple et le pousse à agir de façon cruelle et odieuse envers les autres, ceux qui sont venus d'autres royaumes, qui sont borgnes ou tout simplement originaux. Mais lorsque nous ne sommes pas du sexe masculin, ou nous traite comme des imbéciles, comme des moins que rien. Une femme, un médecin qui plus est, ne doit jamais désobéir aux ordres ou laisser un patient mourir si il peut faire quelque chose pour le sauver. Et pourtant je l'ai fait, plus d'une fois. Parfois je dois travailler et guérir des personnes qui ne le méritent pas, alors je ne me gêne pas pour aggraver leur état. Surtout si ceux ci m'ont forcé à effectuée des tâches de servantes ou pire...Je ne suis plus vierge, le terme souillée serait le plus exact pour définir ma situation. Je l'ai subi pour survivre, pour pouvoir me venger lorsque je reviendrais vers eux et que je leur enfoncerais la lame d'une épée dans leur poitrine de porc. Car c'est ceux qu'ils sont, même pas des êtres humains. Non, de vrais porcs. Je voyage depuis des mois déjà pour trouver un maître, quelqu'un qui pourra m'apprendre l'art du combat. Je sais que c'est rare, surtout si on est de mon rang et du sexe féminin, mais je ne me vois pas faire autre chose. Et puis je peux toujours être utile, je maîtrise les herbes et les potions.

Je viens à peine d'arriver à Isilir, je n'ai pas encore atteint le château. Mes pieds commencent à me faire mal à cause de mes sandales très peu confortables ou adéquates. En plus je n’ai pas les moyens de m'acheter un cheval, j'ai du marcher du royaume de Mislia à Isilir avec comme seul sac, ma besace contenant tout le necessaire: des vêtements de rechange, des fioles, un poignard en argent dont je ne sais pas encore me servir mais qui me réconforte et me fait sentir en sécurité, des bandages et de quoi boire et manger. Je préfère voyager léger et puis, ce sont les seuls objets qui m'appartiennent réellement. Sinon j'ai aussi de l'argent, enfin, plus beaucoup...Soudain j'entends des bruits de pas, des cris sourds, des sifflements et des croisements d'armes. Sans plus attendre, je me mets à courir et j'arrive bientôt sur la scène. Une jeune femme est à terre, blessée tandis que trois autres hommes sont eux aussi à terre. Je vérifie leur poul, puis ferme leur paupière en soupirant: ils sont morts mais à mon avis ils ont du le mériter. Je fouille leur sac et récupère le plus d'argent et de nourriture possible puis je vais rejoindre la blessé. Son état paraît stable, elle n'a pas l'air de perdre énormément de sang mais elle fait peut être une hémorragie interne, ou alors le sang de l'homme mort et du sien se sont mélangés pour ne former qu'une seule et même flaque...Je m'attends au pire et pince les lèvres, puis déchire sa chemise. Elle porte une armure en dessous, je dois la lui retirer. Je grogne et regarde aux alentours. Personne. Je vais encore devoir me débrouiller toute seule. Cette jeune fille à intêret à en valoir la peine. Je retire son armure en faisant bien attention à ne pas l'abîmer et découvre une plaie béante au niveau de son bras.

Pour éviter que sa blessure ne s'infecte je fouille dans mon sac et en sors un fiole argentée. Je la secoue et broie des herbes médicales que j'étale ensuite sur la plaie. Je pose par dessus un bandage et le fixe bien pour qu'il tienne. Je le vois déjà se remplir de sang. Ensuite, je m'occupe de sa tête qui a elle aussi été touchée. Je désinfecte comme avec son bras et recouds son menton. Elle va garder une petite cicatrice quelque temps mais je pense que finalement ça va partir. Je nettoie après ses mains et la pousse sur le côté pour éviter que les bestioles ne me dérangent. Je saisis mon eau et avec une bandage, je la mouille et enlève la crasse avec le plus de délicatesse possible. D'ici quelques instants elle va sans doute se réveiller. Enfin je l'espère. Je pose ma main sur son front pour sentir si elle a de la fièvre mais tout à l'air bon. Sa perte de connaissance a du être due au sang qu'elle a perdu.  Maintenant que je me suis occupée d'elle, je peux m'éloigner un peu pour récupérer des herbes.

- Je reviens...je murmure à celle-ci avant de m'en aller.

Je jette furtivement des coups d'oeil à la jeune fille et recueille tout ce doit j'ai besoin. Je retourne ensuite m’asseoir près d'elle, attendant son réveil.

La jeune fille se réveille alors que j'applique de l'eau chaude sur son front pour retirer la crasse et éviter d'avoir de mauvaises surprises. Parfois une personne est tellement imprégnée de terre que lorsque on la retire, on découvres d'autres blessures, et plus graves que les autres. Je lui souris gentiment et continue mon travail, me concentrant le plus possible. Si je ne fais pas attention je pourrais passer à côté de quelque chose et je préférerais éviter. Les fautes médicales sont courantes, car le plus souvent se sont des charlatans qui "soignent' les patients. Ils demandent de l'argent et en échange il les saignent jusqu'à la mort. Je trouve que c'est ignoble et irrespectueux, soit on est médecin soit on ne l'est pas. Pour ma part, j'ai toujours fait mon boulot avec ceux qui le méritaient. Je connais bien les herbes et les différentes techniques pour guérir les gens. Comme avec la jeune fille qui me fait face par exemple. Dès que j'ai terminé, je déclare:

– Je vois que vous avez repris des forces. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez bientôt vous lever.

Elle me sourit en retour. J'espère que j'ai bien fait de la sauver mais en apparence elle n'a pas l'air d'être une grosse brute sanguinaire, alors pour l'instant tout va bien. Et puis si elle cherche à me voler, vu son état, je pourrais facilement reprendre le dessus. Je suis très méfiante au début avec les inconnus, mais celle-ci ne paraît pas mauvaise.


– Excuse moi... Peux tu me dire si ma charrette a été volé ou pillée s'il te plaît ? Sa voix est encore tremblante, mais je sens que elle reprend des forces.

Je hoche la tête me lève doucement, puis, sans la quitter du regard je vais inspecter le chargement. J'écarquille les yeux devant tant d'armes diffréntes! Je vois des épées, de sabres, des katanas, des glaives, des poignards, des lances...Il y en a pour tous les goûts. J'ai l'impression de rêver. Moi qui est toujours voulu apprendre à me battre et avoir des armes, je suis servie! Le spectacle qui me fait face me prouve bien que j'ai eu raison de sauver l'armurière à qui appartient ce chargement. J'aimerais prendre des armes mais je ne le fais pas, je suis honnête et c'est à elle. Je ne voudrais pas qu'on me prenne mes affaires de la sorte. Je reviens en marchant rapidement et lui montre que je ne suis pas affolée, que tout est au même endroit. Je passe une mèche de mes cheveux courts derrière mon oreille et me mets à préparer une potion pour qu'elle puisse se relever plus facilement, qu'elle reprenne le plus de force possible.

– Je voudrais te remercier pour ce que tu viens de faire. Tu m'as sauvé la vie. Mais pourrais-je savoir qui tu es ? Moi c'est Octavia L. Dunken, armurière ambulante !

Mon sourire s'élargit et je réponds, tout en continuant de travailler:

- Enchantée. Je m'appelle Lily Queens et je suis médecin. Enfin je l'étais...j'ai décidé de quitter mon royaume Mislia, pour partir en quête. Je dirais qu'à présent je suis une simple vagabonde!   

 – Je ne sais pas comment te remercier pour ce que tu viens de faire ! J'ai quelques pièces d'or dans mon sac, peut être cela te sera utile !

Des pièces d'or? A quoi vont-elles me servir? Je ne vois pas pourquoi je devrais la ruiner alors que je n'en ai même pas besoin. Et puis je n'ai fait que la soigner, je ne mérite pas autant! Je lui souris et réponds doucement:

– Ne t'inquiète pas, je n'ai besoin de rien. Cela m'a fait plaisir !

C'est vrai, j'aime beaucoup soigner les gens, surtout ceux qui le méritent. Savoir que je peux sauver des vies me procure une agréable sensation irremplaçable, une sensation que je ne retirerais pour rien au monde. Et j'ai bien fait de guérir cette jeune fille, elle est très gentille avec moi. Pourtant je n'ai fait que mon travail! Et même si je ne veux pas de son argent, le fait qu'elle soit armurière me donne une idée...Me donne une envie folle d'apprendre à me battre. Et puis elle doit savoir se servir de ce qu'elle vend à mon avis! Vu les deux gaillards qu'elle a abattu...Elle m'a tout l'air d'être une fine lame. Si seulement j'osais lui dire à quel point je souhaite être comme elle! J'ai toujours rêvé d'être l'égale de l'homme, de savoir réagir en conséquences et ne pas laisser les autres décider pour moi. Le fait de manier les armes pourrait m'apporter tout ça.

– Surtout n'hésite pas ! De quoi as tu besoin ?

Je hausse les sourcils. Comment a t-elle devinée que je voulais quelque chose mais que j'avais peur de demander? Je me demande si je devrais lui dire...Je me pince les lèvres et frotte ma nuque nue d'un air génée. Mes cheveux m'arrivent juste en dessous des oreilles, de ce faite mon cou est dégagé et je n'ai même pas chaud l'été. Je ferme les yeux avant d'inspirer un grand coup. Je les ré ouvre puis déclare en essayant de ne pas trembler:

- C'est que j'ai toujours rêvé d'apprendre à me battre comme un homme et vu que tu es une armurière, j'ai pensé que tu pourrais m'aider.

Oh non, pourquoi j'ai dis ça? J'aurais du me taire, elle va me prendre pour une folle! Vu mon gabarit et le fait que je n'arrive même pas à m'imposer elle doit me prendre pour une folle ou même une faiblarde....Pourquoi j'ai dis ça?

- Pardon, je n'aurais pas du dire ça...Je suis sûre que tu as des choses plus intéressantes à faire! Je m'excuse!

 Lorsque j'entends que la jeune armurière a bien pris le faite que j'aimerais qu'elle m'apprenne à manier les armes, je pousse un soupir de soulagement intérieur et un sourire se plante et se fige sur mon visage fatigué. Je dois avoir des cernes énormes d'ailleurs, je n'arrive pas bien à dormir sur les routes, j'ai toujours peur que l'on me vole mes maigres affaires et l'argent qu'il me reste. Etre une vagabonde peut parfois être très dangereux lorsque l'on tombe sur des mauvaises fréquentations: des mercenaires, de brigands et parfois même pire...Bien que cette éventualité soit difficile à imaginer. Heureusement, durant mon voyage, ou du moins depuis le début, je n'ai jamais été victime de vols, ce qui ma foi est plutôt rassurant sachant que le royaume de Isilir est l'un des plus paisible qui soit. Enfin il n'est pas non plus parfait, mais on s'e rapproche...Si certaines brutes n'y habitaient pas, ce serait le cas. Encore une autre raison pour que j'apprenne à me battre.  J'en ai tellement marre d'être la jeune fille, la pauvre fille perdue et inoffensive...Je veux surprendre les gens en leur faisant manger la poussière et non pas rester invisible et passer mon chemin au moment où le temps s'assombrit et les ennuis commencent. Je veux prendre part au combat! Maintenant il faut que j'attende la réponse de Octavia, qui va décider de mon destin...J'espère qu'elle va dire oui...Je croise les doigts.

- J'accepte de t'entrainer au combat et de t'apprendre à manier les armes! Mais il y a une condition. Tu devras m'accompagner jusqu'à la capitale car je dois proposer mes services à la cours. Je pourrais t'entrainer sur le chemin.

Un rire s'échappe de ma gorge sèche et déshydratée tandis que la joie s’insuffle dans mon être. Je suis tellement heureuse qu'elle est acceptée! C'est limite si j'ai envie de me jetter à son cou en lui criant mille fois merci. Au lieu de cette solution, je me mets à rougir de plus en plus vite et je me mets à recommencer mes tics, je me frotte la nuque de plus belle. Il faut vraiment que je m'affirme! Et je pense que la jeune fille va pouvoir m'aider à y faire face. De toute façon je compte bien la suivre à Isilir ou n'importe où, au bout du monde si il le faut! Tant qu'au final je deviens une vraie guerrière!

- Merci beaucoup d'avoir accepté! Et évidemment que je t'accompagnes! Je ne te lâcherais pas tu peux en être sûre, dis-je à moitié en riant.

Il me tarde de commencer! Mais pour l'instant, c'est moi la maître à bord et Octavia doit d'abord se remettre de ses blessures avant de recommencer sa route! Bien que celle-ci n'est pas l'air du même avis...Pourtant elle ne doit pas bouger ou ses blessures risques de se ré ouvrir. En plus je la vois qui grimace, elle doit souffrir le martyr la pauvre...Il faut bien du courage pour ne pas se plaindre, vu ce qu'elle a enduré...