-Et bien.... Pourriez-vous m'aider.... M'aider à comprendre et à utiliser mes pouvoirs?
Nathaniel resta impassible mais fut extraordinairement surpris. La princesse d’un royaume n’admettant pas la magie lui demandait de l’aider à développer la sienne ? Et cela, au beau milieu du chemin menant au château dudit royaume ? Quelle inconscience ! Elle ne savait pas si quelqu’un avait pu les entendre, elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance, elle ne savait pas s’il n’allait pas l’envoyer balader… Mais, tout cela montrait à quel point elle désirait son aide. Le cerveau tournant déjà à toute vitesse, Nathaniel murmura :
-Il faut que j'y réfléchisse...
-S'il vous plait... Juste une fois! Nous pourrions nous retrouver quelque part! Dans la forêt ou au village !, le supplia la jeune fille.
Nathaniel avait beau réfléchir plus vite que jamais, il n’arrivait pas encore à se décider. Mais s’il n’acceptait pas maintenant, la princesse pourrait le faire faire capturer… Ou pire…. Elle pourrait même le poursuivre ou encore le faire poursuivre par des assassins ! La seule solution était d’accepter pour le moment et de réfléchir plus sérieusement plus tard aux effets et aux causes de son choix.
-Rendez-vous dans une semaine. Je vous enverrais un message secret pour vous dire le lieu, se résigna-t-il. Maintenant je dois y aller.
-Merci beaucoup! Vous m'êtes d'une grande aide!
La jeune fille avait l’air si heureuse… Peut-être pourrait-il faire quelque chose… Mais cela méritait une intense réflexion et il ne pouvait pas la mener tranquillement ici. Sans plus de cérémonie, il tourna les talons et descendit vers le village.
Le chemin y menant était peu fréquenté. Les villageois n’avaient aucunes raisons de rendre visite au roi, sauf pour lui faire part de leurs doléances. Et vu la compréhension du roi, les doléances étaient peu nombreuses, ou alors noyées dans le sang. Nathaniel descendit donc tranquillement, drapé dans sa cape qui cachait son sceptre de chêne enchâssé d’un saphir qui pulsait doucement comme un petit cœur de pierre en émettant une douce lueur bleue. Nathaniel passa entre les premières maisons qui annonçaient l’entrée dans le village et évita habilement des enfants qui couraient après une poule complètement affolée. L’écart entre elle et les garnements rétrécissait d’ailleurs de façon alarmante pour la poule qui commençait sérieusement à en avoir marre qu’on lui court après comme ça. Nathaniel décida alors de jouer un tour au roi. De toute façon, la quantité de pouvoir dont il avait besoin était minime et n’attirerait l’attention de personne. Et puis, il avait envie de rentrer chez lui et une petite pagaille lui permettrait de se volatiliser plus discrètement. Il murmura en direction de la poule « Ponere ova aurum ». Sous sa cape, le saphir cessa de luire avant d’étinceler comme un soleil bleu miniature. Mais la cape de Nathaniel était faite pour prévenir ce genre d’effets dus à la magie et elle était si opaque qu’elle ne laissait pas passer la lumière du sceptre. Mais le sort, lui, fonctionna parfaitement. La poule s’arrêta brusquement, au grand plaisir des gamins qui se précipitèrent vers elle lorsqu’elle se mit à pondre des œufs. Mais, pas n’importe lesquels. Des œufs en or massif. Et là, ce fut l’anarchie. Lorsque les villageois se rendirent compte de ce miracle, ils se précipitèrent vers la poule qui se demandait vraiment ce qu’elle avait fait pour que tout le monde lui en veuille autant. Elle partit donc une fois de plus en courant et en slalomant, pondant régulièrement un œuf doré de 700 grammes. Nathaniel sourit en s’imaginant la tête du roi lorsqu’il prendrait conscience qu’un magicien était sur son territoire, qu’il venait de donner de l’or en abondance à ses sujets et qu’il était partit sans laisser de traces. Fier de lui, il se dirigea vers une ruelle sombre entre deux maisons. Ici, il serait à l’abri de tous les regards pour s’échapper. Il murmura alors « Transportare ego silva Mislia » et le saphir de son sceptre se mit à briller une fois de plus. Mais cette fois si, Nathaniel sorti le sceptre de son étuis et le tendis au-dessus de lui, de façon à ce que la lumière l’englobe totalement.
Si une personne avait tourné la tête pour regarder dans la ruelle à ce moment là, elle aurait vu une formidable lumière bleue éclairer les murs des maisons voisines, puis disparaître brusquement. Mais Nathaniel avait bien calculé son départ et personne ne le vit disparaître, laissant derrière lui une princesse à qui il avait donné de l’espoir, un peuple à qui il avait donné de la richesse et surtout, un roi à qui il avait donné une nouvelle source de rage.