Je sors de ma tente, les cheveux en batailles après une nuit de sommeil. Le soleil vient tout juste de se lever mais il fait déjà très chaud. Mes pieds nus s'enfoncent dans le sable, je respire l'air pure du désert tant qu'il n'est pas encore étouffant. Je me dirige vers un des grand tonneau qui contient l 'eau dont nous avons besoin. Il faut en utiliser le moins possible pour pouvoir retourner en ville au plus tard. À force, on s'habitue à ne pas boire beaucoup. Je prends une écuelle et récupère un peu d'eau. J'en boit une gorgée puis j'utilise le reste pour me nettoyer le visage. Aujourd'hui je pense que je vais pouvoir être tranquille car mon père essaie de me laisser un peu de repos entre deux missions. Je m'assois dans le sable, tant qu'il n'est pas encore trop chaud et je sors un petit couteau de ma poche. Je commence alors à tailler un petit morceau de bois que j'ai trouvé lors de ma dernière mission. Soudain, j'entends la voix de mon père crier mon nom. Je me lève à contre cœur et me dirige vers la tente. J'espère tellement qu'il ne va pas m'annoncer qu'il faut que je parte aujourd'hui! Même si je ne supporte pas de ne rien faire, j'aime bien me reposer un peu!
J'entre dans la tente qui sert d'atelier à mon père. Il est plongé dans la fabrication d'un poison et je m'approche sans bruits.

-Je sais que tu reviens tout juste d'une longue mission mais j'ai vraiment besoin de toi aujourd'hui, m'annonce t-il sans me regarder.

Je soupire, qu'est ce qu'il ferait si je n'était pas là! J'ai l'impression que toutes les affaires de mon père ne dépendent que de moi...

-Je te promet de te laisser tranquille après! Mais là c'est vraiment important!  Il faut que tu aille voir l'homme a qui on a vendu le dernier poison, son campement n'a pas bougé donc tu devrais le retrouver facilement. Il faut absolument qu'il me donne l'argent de son dernier achat!! Il ne m'a pas complètement payé donc tu te débrouille mais tu reviens avec l'argent.

J'acquiesce en grommelant... C'est toujours pareil de toute façon... Je sors de la tente sans un mot et je vais récupérer mon sac à dos. J'enfile mes chaussures de cuir, des vêtement confortables et je prends des provisions pour pouvoir tenir quelques jours! J'ai tellement l'habitude que ces gestes me paraissent naturels, je ne réfléchit même plus.
Sans un mot, je mets mon sac sur mes épaules, vérifie que j'ai bien mon poignard et je file à travers le désert.
Le temps est agréable aujourd'hui, enfin il n'y a pas de vents, la chaleur elle, est toujours insupportable. Je regarde la boussole, direction le Nord Est! Le campement où je dois me rendre n'a pas bougé depuis la dernière fois, je devrais donc y arriver rapidement.
Le ciel est vide, il n'y a aucun nuage. Le paysage ne se compose que de sable, de sable et encore de sable... Cela fait 3 ans que je passe ma vie seule à marcher à travers ce paysage. Il n'y a aucune distraction, personne à qui parler. Mais de toute façon je n'ai envi de parler à personne. Je ne parle que lorsque j'en ai l'obligation.
Après deux heures de marche, je sens la fatigue venir... Même si j'ai l'habitude, le soleil est vraiment la pire chose lors de mes missions.. Mais je ne dois pas m'arrêter, j'enroule un foulard autour de ma tête et je continue mon chemin.
Soudain, j'entend un bruit. Quelqu'un est ici.... Je sens une présence derrière moi.... Pourtant, il n'y a jamais personne dans cette partie du désert!  

Le soleil illumine le désert tout entier et resplendit par sa chaleur inégalable. Peu de plantations peuvent pousser dans un endroit pareil, sur le sable chaud et fin. Seuls quelques oasis peuplent cette immense terre mystérieuse mais aussi très dure. Des brigandes, des voleurs et des personnes très dangereuses font souvent routes par là: pour piller et pour aller plus vite. Même si les conditions sont exécrables, le désert est un très grand raccourci pour les voyageurs.
Je retire ma longue veste en cuir bientôt brûlante de mes épaules avant de la glisser dans mon sac de toiles bien remplies. Il y a l’intérieur des babioles sans importance, des armes et surtout du poison.
Un petit sourire narquois étire ma bouche et de petites fossettes pleines de charmes se creusent au coin de mes joues sèches. Dix jours sous les rayons du soleil et votre peau devient toute pelée et bronzée. Mais les affaires sont les affaires et je ne suis pas le genre d'homme à rechigner pour un peu d'inconfort. Les fillettes, je n'en veux pas.  Les fillettes, je les tue. Tout simplement. Ce n'est pas ça qui mettra le monde à sa fin, bien au contraire. Des bouches en moins à nourrir, de l'argent a gagner.

Me faire les poches, voila ce que je veux en ce moment. Et j'y arrive ne vous en faites pas pour cela. Je trouve les gens tellement stupides! Un petit air honnête, des promesses sans valeur et vous décrochez la lune. Ils ont tendance à trop faire confiance aux inconnus. Mais ils ne devraient pas. Surtout si l'inconnu s'appelle Phoenix et que c'est un magicien avide de pouvoir, de vengeance, et de sang. Surtout si cet inconnu, c'est moi. La semaine dernière j'ai croisé une jeune femme tout à femme agréable et sensé. Je l'ai bien aimé et elle a finit dans mon lit. Mais elle a dit la phrase qui fallait pas. Et elle l'a payé de sa petite existence dénuée de sens. Moi je bouge pour avoir ce que je souhaite, le monde appartient à ceux qui savent quel est leur rôle. Et je sais exactement quel est le mien: provoquer la ruine du royaume de Grimway. Voir la famille royale souffrir comme j'ai souffert. La regarder sombrer dans le chaos de la détresse humaine et l'exterminer. Tous les membres de cette sois disons famille formidable et emplie de bonté doivent payer. Ils doivent périr pour ce que leur père m'a fait enduré. Oeil pour oeil. Dent pour dent. On verra bien qui est le gagnant. Mais j'ai déjà ma petite idée la dessus.

Puis soudain une ombre se détache du paysage. Elle est petite mais avance rapidement. De ma main libre je tire la tente pour la voir de plus près. Je plisse les yeux avant de murmure une formule dans ma tête. Une image nette apparaît alors dans mon esprit. C'est une fille.

Ricanements provocants sortants d'une gorge pleine d'amertume.

Que veut-elle la petite? Elle se promène? Elle ne trouve plus son chemin? Ou alors c'est la fille de mon fournisseur de poison? C'est tout à fait possible je n'ai pas bougé mon campement et je n'ai pas tout payé ce que je lui devais à ce pauvre marchand. En tout cas elle m'a bien servie la drogue qu'il m'a vendu. Si on peut dire cela bien entendu.  

Je me retourne et je me rends compte que je connais ce lieu. Il s'agit du campement de l'homme qui doit de l'argent à mon père. L'homme que je recherche. La dernière fois que je lui ai amené les poisons, je me suis bien rendu compte que ce n'était pas un de ces petits bourgeois idiots qui veulent des poisons pour faire la collection dans leur bureau. C'était un guerrier, qui ne voulait du poison que par haine et pour tuer. Je commence à connaître les gens, à savoir analyser leurs expressions.

         -Bonjour, je viens chercher l'argent des poisons.

J'attend avant d'avoir un réponse puis quelqu'un sort de la tente avec un sourire au coin des lèvres. C'est lui. C'est toujours un peu intimidant de se retrouver devant un homme grand, musclé, armé et de lui demander de l'argent, quand on est juste une fille de treize ans! Mais, je commence à avoir l'habitude.

         -Tu peux partir gamine... Sinon je te ferais déguerpir moi même.

Je soupire intérieurement... Je n'avais pas envi de m'énerver aujourd'hui.

         -Donnez moi l'argent. Ensuite je pars.

Il commença à rire doucement, puis de plus en plus fort. Je reste de marbre même si je vois bien qu'il se moque de moi.

         -On ne me donne pas d'ordre! Alors tu ne crois quand même pas que je vais obéir à une mioche de dix ans.

Je bouillonne... Mais je sens que si je sors ma dague, cela risque de mal tourner.

         -J'ai beau être une gamine, je sais ce que je veux! Et je ne partirais pas avant la somme que vous me devez pour vous avoir fournit ces poisons!

Je ne me laisse pas impressionner. Si je me laisse, faire je peux arrêter de faire ce que je fais tout de suite, arrêter ce travail... Car pour cela il faut du tempérament, du courage. Malgré tout, je vois bien que si je l'énerve trop, il risque de me tuer. Mais je préféré mourir courageuse que lâche. Alors je reste, devant cet homme qui me regarde de haut.
Si je reviens les mains vides, mon père ne me fera plus confiance, il me rejètera. Il me faut cet argent!

- J'ai payé ton père car je te laisse en vie mais ne reviens pas je risquerais de changer d'avis. J'ai beaucoup plus d'expérience que toi petite alors restes tranquille et continue ton trafic ailleurs.

Il pointe sa dague sur mon torse en me regardant dans les yeux. Ce n'est pas le genre de personne qui épargne les jeunes filles, du moins je ne pense pas. Pourtant, je soutient son regard jusqu'au bout, je ne veux surtout pas paraître en position de faiblesse, je veux rester digne. Mais je sais pertinemment que la partie va être très difficile, si elle n'est pas déjà perdue... Comment pourrais-je réussir à avoir mon argent? Il est presque impossible que j'arrive à le convaincre...

- Mon père se fiche éperdument de savoir si je suis en vie. Si je meurt, il trouvera quelqu'un d'autre que moi, ce n'est pas difficile dans ce royaume. Mais moi, je travaille depuis que je suis gamine, je me bat et traverse ce foutu désert chaque jour. Alors vous pourriez au moins avoir l'obligeance de me donner une partie de l'argent de ces poisons!!

À la fin de ma phrase, mon ton est monté et j'ai instinctivement dégainé mon couteau, ce qui n'était pas une excellente idée. L'homme appuie de plus en plus fort sa dague contre ma poitrine et esquisse un sourire qui ne me plait guère.

- Si tu te crois si forte que ça petite, pourquoi ne m'attaque tu pas? Je te propose un défi, si tu arrives à me mettre à terre, tu auras l'argent.

Je me mords la lèvre inférieur. Ce n'est pas une bonne idée du tout! Je dois faire plus de la moitié de son poids ainsi que de sa taille! Comment pourrais-je rivaliser avec cet homme! Il doit avoir des années d'expérience, et avoir une force phénoménale par rapport à la mienne! Mais je ne dois pas baisser les bras, je dois rester forte! Je suis obligée de perdre, mais peut être que si je me bat convenablement il m'épargnera ou me donnera quelque chose!

- C'est d'accord, mais à la condition que vous vous battiez avec la même arme que moi, c'est à dire la dague.  

Il acquiesce en souriant et empoigne sa dague. Je l'imite et me mets en position de combat. Je dois me concentrer, évaluer les bonnes occasions, détecter ses faiblesses, même si je pense que j'en ai beaucoup plus que lui!
J'attaque sans plus tarder. Je ne cherche pas à enchaîner les coups comme une furie, il faut que je frappe au bon moment, au bon endroit. Mais cela est bien plus facile à dire qu'à faire... Je vois bien que mon adversaire ne fait aucun effort et contre mes attaques avec une facilité déprimante... J'ai l'habitude d'attaquer par surprise, des personnes peu expérimentées.
Mais là ce n'est absolument pas le cas.
J'essaie de mettre à profit mon agilité et ma petite taille, je peux assez facilement esquiver ses attaques. Alors qu'il m'attaque par la droite, je pars en roulade sur le sable brûlant, mais dans le feu de l'action je ne sens pas la douleur. J'arrive derrière lui et j'en profite pour tenter une attaque mais il se retourne brusquement et m'assène un coup de dague sur le visage. Je m'en tire bien, seulement une coupure le long de la joue. Je n'abandonne pas, je veux au moins réussir à le blesser. Je continu à me faufiler un peu partout, à tourner autour de lui, à sauter, rouler, tourner pour esquiver. Au bout d'un moment, je me retrouve à sa droite, je me précipite et j'arrive à l'attaquer et le blesser au bras! Petite victoire personnelle.
Il n'a pas apprécié que je réussisse à le blesser, et commence à attaquer plus violemment, à arrêter de m'épargner...