Un poisseux dans un château

Caleb S. Hailee

Caleb s'ennuyait. Le jeune homme avait été nommé de garde cette nuit. D'habitude, il aimait vraiment surveiller les remparts de nuit, car il était seul. Il aimait par dessus tout la solitude. Il pouvait se plonger dans ses pensées, dans ses souvenirs sans que quelqu'un ne le dérange. Il pouvait réfléchir en paix. Mais étrangement, par cette froide nuit d'hiver, Caleb aurait voulu de l'action. Je ne sais pas moi ! Par exemple, que quelqu'un s'engouffre dans le château par effraction, on à l'inverse qu'une des audacieuse princesse de Grimway qu'il avait déjà croisé plusieurs fois ne s'en aille en secret... Au moins, il aurait pu bouger de se tabouret gêlé, et courir... Courir. Caleb ferma les yeux, et se laissa bercer par le crépitement de la torche qui brûlait derrière lui. Il ne se passerait rien cette nuit encore une fois. Le soir était tombé depuis trop longtemps maintenant, et la fôret était noire, complètement noire. Caleb imaginait qu'on ne pouvait pas voir plus loin que le bout de son nez en bas... Du moins si l'ont ne voulait pas se faire repérer... Les cheveux roux du jeune homme, détâchés pour une fois, virvoltèrent autour de son visage androgyne, soulevés par un vent glacial venu du nord. Caleb grimâca, et enfouit sa tête dans son épaisse fourrure qu'il gardait autour du cou.
Il ne s'en rendit pas compte, mais la torche s'éteignit. Et il ne s'en rendit pas compte non plus, mais deux jeunes contrebandiers escaladaient la partie du château que Caleb était censé gardé.
"Fait pas tant de bruit !"
"J'fais ce que je peux !"
Leurs pieds grattaient les pierres gêlées, ils y étaient presque. La main du premier se tendit pour attraper un des crêneaux. Les doigts se refermèrent. C'était bon.
La main sale, aux ongles crasseux était juste devant Caleb, à trentes centimètres tout au plus ! Mais ce dernier ne voyait rien, ses tâches de rousseurs toujours au chaud dans la fourrure. Le petit porc se hissa à la force de ses bras grêles sur les remparts, tendant la main à son compagnon.  
Caleb, enfin, sentit, une étrange présence inhabituelle. Il posa sa main sur son arbalète, accroché à côté de son tabouret, releva la tête, et, le plus discrètement possible, la pointa sur l'intrus.
-Que fais tu ici chenapan ?
Le petit poisseux sursauta, lâchant la main de son camarade. Pas de chance, celui qui était arrivé sur les remparts, avait l'air costaud... Il fixait Caleb et son arbalète, mais n'avait pas l'air plus mal à l'aise que ça. Il ne parlait pas, continuait à regarder le jeune homme.
-Que fait tu là ?
Caleb criait, rougissant de colère, il s'approcha du petit paysan et l'empoigna par le col de sa chemise sale. Mauvaise idée.
Il sentait une vif douleur dans le haut de sa cuisse, qui déscendait, descendait descendait... Il baissa les yeux, et serra la mâchoire pour ne pas hurler. Le poisseux avait sortit un couteau de cuisine rouillé, et l'avait planté dans la jambe de Caleb, il faisait coulisser l'arme tout le long de la cuisse, et le sang suintait de toutes parts...
Il se recula avec un cri de douleur et s'adossa contre un mur, les deux mains sur sa jambe qu'il ne sentait déjà plus.
Il releva ses yeux verts emplis de larmes vers le petit paysan qui souriait malsainement et, avec le peu de force qu'il lui restait, colla son arbalète contre sa joue et tira. Au hasard.
Un son ignoble lui parvint sourdement, et il sut ainsi, qu'il n'avait pas loupé sa cible... Dans un brouillard de douleur, le roux sonna la cloche d'alarme...